Christian Bigeast est le meilleur ami de l’animal. Ou plus exactement, il est le meilleur ami de tous les animaux, même si le cheval tient incontestablement une place privilégiée dans son cœur…
Christian a toujours aimé les chevaux, d’aussi loin qu’il s’en souvienne. Dans les années cinquante, le pavé lillois résonnait du claquement des sabots et du bruissement des roues de voitures attelées. Livraison de lait, de boulange, fruits et légumes ou charbon, multiples étaient les occasions offertes à nos amis équidés d’aider l’homme
et de faire valoir leur majesté dans nos rues et sur les places de marché. C’est justement au marché de Wazemmes que Christian accompagnait ses grands-parents le dimanche. Il y observait les chevaux avec admiration. Un amour qui ne s’est jamais démenti car il leur a voué sa vie, son travail, sa passion.
Cavalier émérite et professeur de sport, il leur a consacré chaque étape de sa carrière et a inspiré bien des changements et innovations dans l’approche de l’équitation sur la Région Nord. Moniteur, instructeur, puis Conseiller Technique Régional, il a développé moultes disciplines au cours de son parcours professionnel, dont notamment la voltige.
Ses sculptures rendent grâce aux chevaux et il aime à les représenter, tous différents, parfois en pleine action, alanguis comme ce poulain au repos, ou tendant une encolure gracieuse vers le sol. Au commencement, Christian sculptait chevaux de trait et poneys, donnant naissance à ses premiers bronzes. Une jument, en plein saut, a inspiré une superbe pièce « L’appel », qui lui valut le prix de la sculpture en 2018 à Barbizon. Le modèle original n’en est pas moins prestigieux puisqu’il s’agit de la jument de l’un des meilleurs cavaliers français. Plus récemment, au mois de septembre, c’est à Villeneuve d’Ascq que Christian a exposé de splendides et musculeux chevaux de trait, en lien avec l’équithérapie.
Petit, Christian sculptait déjà, des ours et des baleines, ce qui valut à son institutrice de remarquer et encourager son talent. Depuis lors, il n’est nulle espèce qui ait pu échapper à son bestiaire sculpté. Ecureuil, bison, rhinocéros, éléphant, cerf, panthère, guépard, gorille, lion, chien, ours et ourson, la liste est loin d’être exhaustive.
Il décline ses créations en de multiples matériaux, tous nobles et beaux. Terre crue, grès, céramique, céramique craquelée, raku, ou bronze, pour les inconditionnels. Au vu des innombrables pièces qu’il a pu réaliser, les baptiser relève à ce jour du défi ! Ainsi, les ours portent-ils à présent de jolis prénoms, poétiques et désuets, Barnabé, Léonard ou Anatole. Joyeux personnages parfois espiègles, l’un d’entre eux se nomme fort à propos : « Il en faut peu pour être heureux » ! En ces temps moroses, pour ne pas dire de sinistrose, l’appel de la nature résonne dans notre quotidien.
Christian vit d’ailleurs aux confins de la forêt de Phalempin, au sortir de Lille, quand l’autoroute A1 prend son essor vers la capitale. Plus précisément du côté de Thumeries, qui abrite en son sein une réserve ornithologique protégée.
Un lieu inspirant de biodiversité et source d’inspiration pour la bio-créativité.
Cet homme passionné ne peut concevoir d’être absent lors de l’accouchement de l’un de ses enfants. Il n’hésite pas à aller en fonderie, à Tubize en Belgique, superviser les finitions, retoquer un pâturon, un tendon, un muscle.
Mieux que quiconque il connaît le corps de l’animal, sa respiration, ses expressions, ses tensions dans le mouvement. Rien n’est laissé au hasard ! Il vérifie la césure, la patine, discute avec les fondeurs, admiratif de leur dur labeur et du travail incroyable de ces hommes du feu qui inspirent le respect. Christian possède également deux fours, où il cuit ses propres créations et s’est pour cela doté d’un four suffisamment grand pour accueillir trois pièces de taille moyenne à la fois.
C’est aussi un homme d’action et de terrain. Toute sa vie, il a participé à de grands évènements, des défilés prestigieux et historiques, tels celui du SPAHIS, régiment nord-africain déambulant sur l’Esplanade de Lille, qui jouxte la célèbre Reine des citadelles, joyau de Vauban. Il apparut également en mousquetaire du Roi lors du cortège du « Tricentenaire du rattachement de Lille à la France » en 1969, sans omettre le Rallye de la St Hubert au Mont des Cats, dans les Flandres, ou le défilé des lanciers du Bengale à Tourcoing. Ces dernières années, Christian est également présent à la galerie Myl’Art, rue des Vieux-Murs, célèbre ‘Passage des Arts’ du Vieux-Lille. Trois fois l’an, il joue les Merlin et fait surgir de ses doigts enchantés de merveilleuses pièces en direct. La braderie de Lille offre à ce propos une magnifique occasion de happening. Un rhinocéros d’Asie, majestueux, y est né cette année.
La fête des galeries, début décembre, est un autre temps fort auquel Christian collabore avec enthousiasme, casquette vissée sur la tête, bien emmitouflé ! La nuit de l’art enfin, au mois plus doux de mai-juin, permet de créer en live des œuvres devant des passants émerveillés.
Christian Bigeast nous fait partager sa passion intacte, éternel jeune homme au cœur généreux, une si belle rencontre.
Article de Gersende PETOUX réalisé après son interview de Christian BIGEAST à Lille pour le magazine ARALYA
e 9 Décembre 2022